
Quand on évoque la danse orientale, on pense presque systématiquement : harem, danseuse du ventre et soutien gorge à paillettes ! Oui, oui n'ayez pas honte, vous y avez pensé ! Vous ignorez juste deux ou trois trucs sur l'essence même de cette danse et je suis là pour y remédier (en toute modestie ^^).
Cet article, j'y pense depuis un moment sans trop savoir par quel bout le prendre. Et puis j'ai choisi l'angle le plus simple, celui de mon rapport personnel à la danse orientale, loin des clichés véhiculés autour de cette danse .
Tout part du constat que non, je ne crie jamais haut et fort que j'ai pratiqué (et pratique toujours en douce dans mon salon ^^) la danse orientale. Le peu de fois où je l'ai fait, j'ai eu le droit à des réactions totalement en décalage avec mon approche. J'ai presque vu du mépris et une vision totalement réductrice de cette danse que je considère pourtant comme une alliée précieuse dans l'acceptation de soi ou comme une formidable opportunité de découverte culturelle et identitaire.
Danse orientale et clichés
Le regard des autres
Au début de ma pratique en danse orientale, moi, toute joie d'entrer dans le monde merveilleux de l'expression corporelle, avais envie de crier haut et fort au monde entier combien cette nouvelle activité m'enveloppait de bonheur et me remplissait de fierté ! Et j'ai vite déchanté ! Les quelques fois où j'évoquais ma pratique, j'avais presque systématiquement le droit à des remarques hyper réductrices, voir franchement méprisantes. "Ah mais c'est génial ! Tu dois arriver à faire bouger tes fesses et tes seins, c'est ça ?" Et moi, franchement mal à l'aise "Heuu ... bah heuu nan en fait ...c'est pas tout à fait ça ...".
D'autres fois, j'ai vu l’œil qui frise de certains de mes interlocuteurs, sûrement emportés par l'imaginaire fantasmé des harems d'autrefois et par la persistante vision de la danseuse-aguicheuse ... J'ai vécu de vrais moments de gêne en y re-pensant, ne sachant pas si je devais ignorer ces allusions douteuses ou hurler qu'il fallait sortir de sa caverne et y laisser ces pensées déplacées.
Et puis il y a celles et ceux qui ne considèrent pas cela comme une "vraie" danse, mais comme une simple animation de soirée en costume à paillettes "ouai, j'ai vu ça au resto orientale du coin, c'était marrant !".
Bref, j'en ai eu vite marre d'encaisser ces remarques. J'ai continué à danser dans mon coin et j'ai arrêté de parler de cette passion au premier venu. C'était plus simple pour moi. Lorsque l'on me demandait mes passions du moment, je disais vaguement "je fais un peu de danse" et ça allait bien à tout le monde. Alors qu'en réalité, j'étais entré dans un tourbillon de joie qui me prenait 1 à 5 heures par semaine. Un tourbillon de bien-être qui m'a amené à me reconnecter à moi-même, à me dépasser, à voyager, à rencontrer, à apprendre sur une culture, sa richesse et sa diversité.

Une danse dévalorisée
Alors je ne vais pas vous dire que ces clichés réducteurs viennent de nul part. Oui, il existe des pratiques très "légères" de cette danse, qui contribuent sûrement à véhiculer cette image réductrice d'une danse sans valeurs, sans âme et sans technique. Et j'ai envie de répondre, et alors ? C'est le cas dans toutes les disciplines. Quelque soit l'art, on trouve toujours le meilleur et ... le pire ! Le plus important pour moi reste l'intention de la danseuse. Et ça, quelle que soit la discipline, la pratique, le niveau ou le courant de danse choisi, c'est essentiel. L'intention de la danseuse. Si on arrivait à poser un autre regard sur la danseuse orientale, on y verrait autre chose que la fameuse danseuse en soutien-gorge à sequins ou la danseuse ringarde en costume folklorique. On verrait une danseuse connectée à elle même, en phase avec son corps et la musique qui la porte. Juste ça et je trouve ça déjà pas mal.
Car malheureusement, on a tendance à faire passer l'image négative véhiculée autour de cette danse devant tout le reste. Et oh comme ce "tout le reste" est important ! "Tout le reste" c'est avant tout ce que chaque personne peut exprimer et ressentir autour de la danse orientale. C'est intime et c'est précieux. C'est pour moi la première valeur que l'on doit porter à une danse et à sa pratique, c'est ce que le danseur veut exprimer, ce qu'il ressent et ce qu'il veut partager. Et ça marche avec la danse classique, le moderne jazz, le contemporain, la pôle dance, la country ou la zumba !
Le rejet
Cette vision réductrice de la danseuse orientale gangrène les regards du monde occidental et oriental. En témoigne ce reportage qui m'avait beaucoup marqué sur ces danseuses égyptiennes archi-surveillées, traquées.
Si on interroge son voisin ou sa voisine, on pense souvent à l'Egypte comme berceaux de la danse orientale car elle a vu naître les célébrissimes danseuses du cinéma égyptien des années 50. Samia Gamal, Tahia Carioca et leurs consœurs. Si vous ne les connaissez pas, allez voir juste ici.
Elles ont fait rayonner cette danse à travers le monde. On pourrait alors penser que l'Égypte a élevé la danse orientale au rang de patrimoine culturel de l'art égyptien. Qu'elle protège et chérit ses danseuses. Et bien non. Elle sait combien cet art fait partie intégrante de son patrimoine, mais elle veut le contrôler, le façonner. Là-bas aussi, les danseuses orientales passent pour des femmes légères, de petites vertus, non éduquées. Mais on sait que la danse orientale "rapporte" alors on la contrôle et on la censure pour mieux le tolérer.
Les origines du fantasme
L'orient des peintres et des écrivains
Alors oui, cette vision erronée d'une danse sulfureuse, légère et sirupeuse trouve son origine quelque part, du côté de l'Orientalisme ... mais elle a quand même été beaucoup réinterprétée, imaginée voir totalement fantasmée ! Je vous en parlais dans ce (superbe ^^) article sur la (superbe) exposition L'Orient des Peintres au musée Marmottant-Monet (feu l'époque des musées ouverts au passage) mais je ne compte pas le nombre de peintres à l'origine de tableaux dits "orientaux", qui n'ont jamais mis les pieds dans ces pays ! Ces scènes dans les harems, ces odalisques prenant un bain : dans leur rêve ! L'Orient a inspiré, et c'est le propre de l'artiste de créer et d'imaginer hein, je ne leur en veux pas ! Je suis moi même fan de ces peintures et de leur ambiance. Mais le commun des mortels ne connaît pas les coulisses de ces œuvres et du coup, on garde en tête ces scènes de femme lascive comme témoin d'une époque, d'une culture ou d'une ethnie. Et c'est plutôt faux.

Et c'est un peu pareil pour certains écrivains de ce courant (l'Orientalisme). Victor Hugo (carrément !) a consacré un recueil entier de poèmes à ce courant Les Orientales, sans jamais y avoir mis les pieds ...
(Ca va les chevilles ?)
La femme est au cœur de cet Orient rêvé. Lascive, passive, obéissante, exotique et donc forcément, à disposition de ces messieurs. Disons que c'est ce qui faisait rêver et donc vendre au siècle passé à travers l'écriture ou la peinture. Ca a bien changé ? Ahum, ahum!,
Mata-Hari, puis le cinéma des années 20 à 60
Toujours en lien avec la vision erronée des danses orientales, je ne peux pas ne pas citer Madame Mata Hari. Espionne ou pas, elle est l'une des premières danseuses (et accessoirement courtisane^^) à utiliser les apparats orientalistes pour des représentations publiques (et accessoirement en s'effeuillant). Donc forcément, ça reste dans les esprits.

Puis, c'est ensuite le cinéma des années 20 aux années 60 qui donnent au public occidental sa dose d'exotisme oriental. Les danseuses du cinéma égyptien, dont je parlais précédemment, Tahia Carioca, Samya Gamal, ont édulcoré cette danse au goût des spectateurs friands d'orientalisme. La danse orientale devient plus codifiée, plus classique. Un pas de plus vers une danse "plus convenable" avec des danseuses en chaussures à talon et au brushing soigné. Là encore, je n'émets aucun jugement. Personnellement, ceux sont ces danseuses qui m'ont fait rêver et que je rêve toujours d'égaler en cachette ^^.
Ma réalité, les bienfaits de la danse orientale
Féminité et acceptation de soi
J'ai démarré la danse orientale en sortant de fac, ou quelque chose comme ça. Je n'avais absolument aucune aisance corporelle (ni dans la vie d'ailleurs !). Empotée et tellement gênée à l'idée de bouger mon petit corps en musique, je regardai les autres du coin de l'œil, en espérant que les autres ne me regardent pas ... !
C'est malheureusement un truc très (trop) rependu, mais ce cher corps, on passe sa vie à essayer de le cacher. La faute à cette manie qu'a la société, à essayer d'uniformiser l'apparence des corps, et à créer une sorte de référentiel de beauté unique. La danse orientale permet ce truc un peu fou, de mettre en avant le centre du corps, ce ventre. Le faire onduler, vibrer, et emmener tout le reste du corps dans ce tourbillon de mouvements par la même occasion. Il y a presque un peu de provocation au fond, à faire danser chaque partie de son corps de femme, et en particulier son ventre. Et ça demande vraiment un lâcher prise pour y arriver. En se moquant du regard des autres pour se recentrer sur soi, son ressenti et jeter aux yeux du monde, que ce corps, on en est fière.
On ondule, on chaloupe, on vibre. Il faut assumer ce corps qui a du mal à se lâcher au début, à s'assouplir. Le ventre ou les fesses qui font "flop flop" à la moindre tentative de shimmy, haha, oh oui, il faut vraiment les assumer ! Et puis ce corps, qu'on aime moyen, quelque soit son âge d'ailleurs on apprend petit à petit à jouer avec, à mieux le connaitre. On le regarde différemment et on l'apprivoise, pour finir pas s'assumer vraiment et mieux l'accepter ce cher corps.
Et puis j'ai très vite accroché avec les rythmes et la musique. Forcément. On se laisse rapidement porter par la musique, et on se surprend à prendre confiance en soi au fur et à mesure de sa pratique. Dans mes cours de danse orientale, j'ai vraiment vu des femmes (et des hommes !) de tous les âges, de tout niveau, de toute morphologie. Chacun y trouve le cadre rassurant pour s'exprimer à travers cette pratique.
Le corps et l'esprit
Ouverture culturelle
L'une des raisons qui m'a amené à cette pratique, est évidemment en lien avec mes origines. Je crois que c'est cette histoire personnelle qui m'a fait me connecter aussi vite à l'univers de la danse orientale. Un vrai coup de foudre et une reconnexion avec mon moi et mes racines.
Et puis moi qui suis passionnée par les cultures et ethnies du monde ennntierr, je me suis découvert depuis mes premiers cours de danse orientale, une vraie passion pour les danses du monde. J'adore le folklore, le fait que ces danses aient rassemblées ou rassemblent toujours. Les moments de partage et d'union propres aux danses traditionnelles en groupe me fascinent !
Avec la danse orientale, j'ai découvert tellement de diversité de danses ! Un vrai voyage sur la planète et à travers les époques.
Les danses orientales
La danse orientale est pour moi, une danse qui part du ventre. Et c'est tout. De là, on trouve de tout : de la danse folklorique très traditionnelle, de la danse sirupeuse en costume à paillettes, des danses beaucoup plus contemporaines, des fusions totalement dingues ... bref, il y existe mille et une façon de s'inspirer du mouvement oriental. Il ne faut en dénigrer aucune. Chacune à sa place. Je crois intimement que l'on n'a pas à hiérarchiser une pratique vis-à-vis d'une autre, car j'en parlai plus haut : chacun son ressenti et son intention dans la danse. That's it.
Du folklore
Fusion di bledi
J'aime beaucoup trop cette troupe Kif Kif Bledi ! Ces danseuses fusionnent avec énormément d'humour les danses arabes traditionnelles !Tribal fusion
Hors catégorie, ma préférée
J'espère que vous y aurez découvert la richesse de cette belle danse et que vous deviendrez aussi des militants anti-clichés de la danseuse orientale, que vous aimiez ou pas, les soutiens-gorge à paillettes !
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