La Couleur Pourpre, roman d'Alice Walker

La Couleur Pourpre est un roman qui ne laisse pas indifférent.

Plongée dans l'Amérique des années 30, on suit les chemins de vie de Célie et de Nettie, deux sœurs afro-américaines que la vie a séparé aux portes de l'adolescence. A travers leurs échanges de correspondances, on parcourt sur plus de trente ans, l'histoire de ces 2 femmes entre déterminisme sociale, patriarcat, violence, racisme et résilience, mais c'est avant tout la force des ces héroïnes que je retiens et qui m'a marqué.

Quelques mots sur le roman

L'histoire est celle de Célie et sa sœur Nettie, très proches, dont les violences familiales ont abouti a une séparation brutales des 2 jeunes filles. 

Très tôt, on entre dans la vie de Célie, qui écrit à son "Cher Bon Dieu" les difficultés et la violence auxquels elle doit faire face. La jeune fille, avec candeur, décrit avec ce décalage lié à son faible niveau d'éducation scolaire, la violence, le poids du patriarcat, le racisme qu'elle subit, jusqu'à croiser sur sa route, des personnages clés à la prise de conscience de sa condition.

Nettie, quant à elle, se destine au hasard de rencontres, à être missionnaire sur le continent africain. Un tout autre chemin de vie qui s'ouvre sur la connaissance de ses racines africaines et de son Histoire.

Voilà donc, pour ne pas tout vous révéler du roman...

Un roman riche

Le roman traite de plusieurs aspects dont la condition de la femme afro-américaine des années 30, en premier lieu. L'absence d'accès à l'éducation, la violence, le racisme, le déterminisme social. On perçoit les valeurs féministes de l'auteure Alice Walker, par la prise de conscience de certains personnages au fil du roman, avec des figures féminines faisant toujours preuves de force et de résilience. 

J'ai trouvé également intéressant la position des hommes dans le roman, et là encore, leur évolution au fil de l'histoire. Car oui, le roman court sur plus d'une trentaine d'années. De quoi trouver le temps, pour ces messieurs, de regarder en arrière, d'évoluer, d'apprendre.

Enfin, le personnage de Nettie permet d'ouvrir le roman sur un aspect de l'Histoire intéressant : les racines africaines des personnages et la mise en lumière d'une culture souvent caricaturée et dévalorisée dans l'Amérique des années 30. Et aujourd'hui, qu'en est-il ... ? 

Mon avis

Evidemment, j'ai adoré ! 

J'ai trouvé le roman vraiment dur au démarrage (#coeur d'artichaut). Il m'a fait pensé au roman Push ou Precious. Cette toute jeune Célie, qui sort tout juste de l'enfance et subit tant de violence et de mépris ... vraiment, outch, il faut un peu s'y préparer. Et puis rapidement, des personnages entrent dans la vie de Célie, des femmes surtout, comme autant de petites lucioles qui éclairent son chemin et lui permettent de grandir avec plus de confiance en elle et de force. 

Au delà de l'esclavage, je connaissais finalement assez peu cette partie de l'histoire afro-américaine (oppression, racisme extrême, conditions de la femme) et ce roman m'a apporté un éclairage sur cette partie l'Histoire. De la même manière, cette porte ouverte sur l'Afrique et la valorisation de cette culture et des racines communes est un aspect hyper intéressant du roman.

Le roman peut sembler dur par les thématiques abordés (et il l'est) mais le style de l'auteur est très suggestif ... je veux dire par là que certains passages aussi violent soient-ils, sont suggérés ou décrits à travers les mots candides et distants de Célie. La lecture n'est pas dur, ni cru, loin de là, mais le message est fort et distillé tout en suggestion. Et puis je n'ai pas développé cet aspect pour ne pas trop en dévoiler sur l'histoire du roman, mais il y a beaucoup d'amour dans ce livre, malgré tout, beaucoup d'amour.

Un roman à découvrir si vous le connaissez pas. Vraiment, il réveille pas mal d'émotions et ne laisse pas indifférent, donc pas étonnant que Monsieur Steven Spielberg en personne ait décidé d'en faire un film (que je vais m'empresser de regarder pour la première fois ! ).